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La mort de l’économiste André Cartapanis

André Cartapanis est mort des suites d’un cancer le 30 septembre. Il avait 71 ans. Professeur à l’université d’Aix-Marseille, puis à l’Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), il a été doyen de la faculté des sciences économiques de l’université d’Aix-Marseille. Membre particulièrement actif du Cercle des économistes, il a présidé durant plusieurs années le jury du prix du jeune économiste que le Cercle décerne chaque année avec le journal Le Monde. Toujours curieux et avide de découvrir des idées et des méthodes novatrices, il lisait avec autant de sérieux que de bonheur les travaux des jeunes économistes les plus prometteurs.
Chercheur et enseignant respecté, il était particulièrement investi dans la défense de la science économique, à travers notamment l’association Pluralisme et qualité et la présidence de l’Association française de science économique, qu’il a assurée en 2009 et 2010. Sa connaissance quasi encyclopédique de la science économique l’a conduit à être un membre particulièrement actif du Conseil national des universités pendant de nombreuses années et à présider le jury du concours d’agrégation de sciences économiques. Il avait développé à cet égard un regard à la fois incisif et constructif sur les politiques universitaires, les réformes nécessaires – et celles qui s’avéraient pernicieuses –, ainsi que sur les évolutions souhaitables de la discipline économique.
Son domaine spécifique de recherche, dans la lignée des travaux de Ralph G. Hawtrey, Charles Kindleberger et Hyman Minsky, était la macroéconomie financière internationale. Parmi ses travaux marquants, on peut mentionner l’analyse des crises de change dans leur diversité ; il a notamment étudié le cas des pays émergents d’Amérique latine et d’Asie, et le rôle déstabilisant des flux de capitaux, dont les conséquences peuvent être catastrophiques – à travers des crises de change – lors des sorties brutales de capitaux spéculatifs. Plus généralement, plusieurs de ses publications ont porté sur l’étude des déséquilibres globaux des balances des paiements, en relation avec la question de la liquidité à l’échelle mondiale.
Ses travaux l’ont conduit à pointer l’instabilité systémique du système financier international. Il en a étudié les causes, les conséquences, les moyens de l’anticiper, de la prévenir et de la contrôler. L’observation et l’analyse des crises financières était ainsi au centre de ses recherches. Il avait tout particulièrement étudié celle de 2008, et réfléchi aux enchaînements économiques et financiers qui y avaient abouti comme aux moyens d’éviter le retour d’une crise aussi violente. Il mettait en avant les excès de l’endettement privé à travers l’exemple de la crise des subprimes, mais aussi la question des dettes souveraines. Il étudiait les modes de gouvernance monétaire et financière à l’échelle nationale et internationale et particulièrement les politiques macroprudentielles, en vue d’augmenter la résistance du système financier dans son ensemble, surtout celle des banques et des institutions « systémiques ». Il se référait ainsi à la notion de « zone monétaire optimale » susceptible de prévenir ou de juguler les crises.
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